Le désert : Assemblée de protestants à Lecques
Gravure d'après un dessin de Joseph BOZE, peintre du roi, 1785
Ces particularités topographiques se retrouvent dans les représentations iconographiques qui ont été faites, pour la plupart dans le dernier quart du XVIIIe siècle; la plus connue, et qu'on retrouve aujourd'hui dans les archives de bien des paroisses, est la gravure de la carrière de Lecques, une combe cévenole, qui montre la foule assemblée, sous la protection des guetteurs.
Ces assemblées sont attestées du sud au nord du royaume; celles qui concernaient les religionnaires de Bordeaus se tenaient surtout en Dordogne, près de Bergerac et au lieu dit Fauga, en lot et Garonne à proximité de Clairac, ou en Charente.
Le déroulement des cérémonies obéissait toujours au même mode. Il fallait, d'abord, installer dans le lieu choisi, le mobilier et les objets sacrés apportés à dos d'âne ou de mulet; la chaire démontable, coupes (démontables elles aussi) et les plats pour la célébration de la Cène, et la Bible. En attendant l'arrivée du ministre du culte, un des Anciens des "églises" rassemblées procédait à la lecture des textes blibliques, puis dirigeait les prières.
Les ministres, spécialement formés aux séminaires de Genève et Lausanne, et qui avaient promis à l'issue de leur formation, d'exercer en France dans "l'esprit du désert" c'est à dire "la prudence, la modification, la réflexion, une grande sagesse", et d'être prêt au martyre, se déplaçaient à travers le royaume sous des identités et des apparences différentes : celles de soldats, de paysans, de colporteurs. Parvenus sur les lieux de rassemblement, ils revêtaient de la robe noire, et célébraient le service religieux dans lequel la prédiction et le catéchisme tenaient une place centrale. La Cène était partagée par les participants en âge et en condition de le faire.